La culture à la rue

Sur la place du marché de La Madeleine trône une imposante bâtisse surélevée par rapport à la rue et formée d’un pavillon central flanqué de deux ailes symétriques. Depuis son édification en 1931, le bâtiment Édouard-Descamps a connu la lente valse des usages publics : bains-douches, lieu de distribution de lait, infirmerie, commissariat et centre communal d’action sociale, sa dernière fonction avant travaux.

La salle de lecture se reconnaît à sa toiture, un champ de tétraèdres de différentes hauteurs et orientations. Envisagée comme une «nappe active», elle laisser entrer la lumière zénithale par les pointes tronquées des volumes. Ainsi, le soleil direct ne touche pas les collections. Posée sur une trame de poteaux métalliques, elle abrite également un complexe acoustique et l’éclairage artificiel.Les tétraèdres, réalisés en contreplaqué de bouleau, présentent l’avantage d’une réalisation rapide ; leur fabrication et leur assemblage ont convoqué le savoir-faire de compagnons. On retrouve le bouleau dans tous les espaces intérieurs, y compris pour le nouvel habillage du bâti d’origine.Le bois fait revivre l’aspect cosy des bibliothèques des maisons bourgeoises tandis que l’ambiance lumineuse rappelle l’éclairage zénithal diffus qui baignait autrefois les désormais patrimoniales manufactures du Nord. La nouvelle construction aux circulations fluides modelées par un mobilier sur mesure – des bancs se prolongeant en étagères, par exemple – crée un front à rue en arrière de parcelle, cette dernière traversant l’îlot. Elle s’ouvre aussi, en cœur d’îlot, sur un jardin public rejoignant les quartiers populaires, confortant ainsi la mixité urbaine de l’équipement. Les habitants pourront bénéficier de ce passage animé par la vie de la médiathèque et qui invite de plus à y pénétrer. La cafétéria ouverte sur ce jardin crée une entrée secondaire; l’équipement culturel devient ainsi, dans son ensemble, une prolongation directe de l’espace public alentour, effaçant la coupure de l’ancien commissariat en l’intégrant à la couture du neuf et de l’ancien dans un mouvement qui rejoint la rue et ses passants.