Nation
Paris, France

 

Espaces tournés vers la nature et le vivant

Carrefour historique sur l’axe du cours de Vincennes, la place de la Nation révélait en 2019 un visage métamorphosé après deux années de mutation. Avec l'aménagement de 6000 m² d'espaces verts, la piétonisation des contre-allées et une réduction drastique des nuisances automobiles, « Nation » est devenue une véritable oasis verdoyante de l'est parisien. En parfaite harmonie avec cette rénovation urbaine, l’immeuble tertiaire My Little Nation a lui aussi bénéficié d’une cure de jouvence portée par une ambition commune : insuffler bien-être et nature au cœur de la ville. Ce projet, marquant la démolition et la reconstruction d'un bâtiment des années soixante-dix, obsolète et amianté, embrasse pleinement la question environnementale pour redéfinir l'architecture tertiaire. Loin des bureaux "en blanc", sans saveur, où les plateaux identiques se succèdent à la carte, ici chaque niveau est un monde à part. Le confort thermique, tiré des entrailles de la Terre grâce à la géothermie, et l’isolation acoustique confèrent à ce projet une richesse bien au-delà de son apparence. En parallèle, l’architecture transcende les contraintes complexes du parcellaire parisien en reliant deux façades – l’une sur la place de la Nation, l’autre sur la rue de Taillebourg – par un édifice traversant le cœur de l’îlot, tout en étant sculpté par des découpes biaises. Ces dernières prolongent les vides des cours d’immeubles voisins et se déploient en escaliers, engendrant de vastes terrasses verdoyantes aux formes irrégulières. Leurs plans étirés selon des lignes diagonales, modifient la perception des lieux, apportant une sensation de dilatation spatiale qu'une organisation orthogonale ne pouvait offrir.

La superficie de ces jardins suspendus, culminant au cinquième étage avec un rooftop offrant des vues à 360°, croît au fil de l’ascension des étages, proportionnellement à la diminution de la taille des plateaux de bureaux. Le formalisme débridé du cœur d’îlot contraste vivement avec la radicalité des façades sur rues. Ces dernières, tout en préservant une certaine ambiguïté quant à leur fonction, s’inspirent de la modénature haussmannienne de la Place de la Nation, initiant ainsi un « dialogue inventif » avec ses grands bow-windows et ses balcons filants. Le béton, teinté de sable, se fond dans le paysage urbain, érigé avec la pierre de Saint-Maximin provenant des carrières proches de la capitale. Les façades, entièrement vitrées sur toute leur hauteur, gagnent en élégance grâce à la finesse des nez de dalles, dont l’épaisseur est réduite. À l’intérieur, les nuances de beige évoquent l’atmosphère cossue des appartements typiquement parisiens. Superposer des niveaux aux formes irrégulières fut un véritable défi technique. La construction repose sur les anciennes fondations préservées, s'appuie sur les murs mitoyens, deux fines lames de refends et les deux noyaux de circulations en béton. Une trame irrégulière de poteaux, s'affinant vers le sommet, traverse et structure l'espace sans en compromettre la fluidité. Théâtre de contrastes, l'architecture proposée est capable d’émouvoir et de se transformer au gré des heures et des saisons. Photosensible, elle s'amuse avec la transparence, les reflets, les croisements, les angles et les lignes de sa matrice vitrée, pour composer un spectacle permanent où se côtoient la robustesse inébranlable du béton et la légèreté capricieuse de la nature

 
  • Maîtrise d’ouvrage : AG REAL ESTATE FRANCE
    Maîtrise d’œuvre : TANK
    Année : Livraison 2023
    Labélisations : HQE, BREEAM, OSMOZ, WIREDSCORE
    Chef de projet : Clément Berton, Lucas Bergerie, Philippe Florent
    Équipe TANK : Maxime Legein, Célia Mazière, Nora Marfisi, Thomas Harbonnier
    Texte : Sophie Trelcat
    Photos : Julien Lanoo

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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